Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Repos.



…les plus doux instants pour deux amants heureux,
Ce sont les entretiens d’une nuit d’insomnie,
Pendant l’enivrement qui succède au plaisir.

Alfred de Musset.




Oui, ton corps qui palpite entre mes bras, ta bouche,
Rose sanglante où j’ai dégusté mes poisons,
Dont les charmes puissants rendent le cœur farouche,
Ta crinière pareille aux ardentes toisons

Qui font courir du feu sur les épaules nues
Des déesses ; tes yeux mourant de volupté,
Creux et sombres, brûlés de flammes inconnues,
Et qui semblent un ciel par les dieux déserté ;

Tout cela, c’est a moi, fille a la belle croupe,
Tigresse dont j’ai pu compter les râlements !
À moi, comme le vin qui brille dans la coupe,
Et dont j’épuiserai l’or et les diamants.

Je l’ai comme l’on a toute chose qu’on paie,
Je suis maître et seigneur de cette noble chair
Qui s’est vendue à moi pour un peu de monnaie,
En me disant : Je t’aime ! — un soir neigeux d’hiver.