Puis ils inventeront cette grâce féline
Qui ne peut exister qu’avec la mousseline ;
Ils aimeront l’étoffe où se perd le contour,
Le suave contour que l’harmonie arrête ;
Oui, mais ils pourront voir grincer la bouche prête
Aux mensonges de chaque jour !
Moi, cependant, gardant ma sévère attitude,
Dans mon isolement et dans ma solitude,
Je resterai sans cesse avec mon fier dédain,
Avec mes bras croisés, avec ma hanche lisse,
Avec mon front que rien n’assombrit et ne plisse,
Comme un marbre dans un jardin.
Sous les plus chauds baisers mes chairs resteront froides ;
Et rien ne fléchira mes contenances roides ;
Mes bras seront de neige et ma crinière d’or ;
Rien jamais ne fondra cette glace indomptée :
Ô mortels ! le sculpteur anima Galatée
Lorsque les Dieux vivaient encor !
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