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De la coupe céleste où fermente l’extase,
Cet instant suffira pour épuiser le vase,
Pour embaumer longtemps nos souvenirs, et pour
Nous faire au moins bénir toute une heure l’Amour.
     Madame, je vous parle, et c’est de la folie ;
Sans doute, vous allez me repousser ; j’oublie
Que vous m’avez aimé comme on aime un enfant,
Et qu’un tel souvenir peut-être, vous défend
À présent cet amour que de vous je réclame ;
L’amour impérieux et qui ravage rame.
     Mais pourtant cet enfant vous aime et n’a plus rien
De ses désirs confus, et vous le savez bien,
Puisque vous refusez vos lèvres a mes lèvres
Et que vous rougissez, et que les mêmes fièvres
Nous brûlent ; que toujours nos rêves hasardeux,
Ainsi que deux ramiers épris, vont deux à deux ;
Que mon regard se voile, et que tu t’es pâmée
L’autre jour dans mes bras, ô chère bien-aimée !




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