FÉVRIER. — LES ROMANS 33
fique que menaient Goëry Coquart et son maître : « Ils cultivaient leur jardin et ils Tornaient de plantes délicates et rares. Ils connaissaient que là est le secret du bonheur. Ils savaient qu'il suffit de peu de choses pour contenter le sage et lui donner la volupté : la vue d'un bel arbre et des pensées sereines ».
FÉLICIEN GHAMPSAUR
Poupée Japonaise.
La Poupée Japonaise, dont M. Félicien Ghampsaur nous conte les curieuses aventures, est une délicieuse personne qui répond au doux nom de Sameyama; elle est menue, troublante, imprévue; elle est exquise, et nous l'aimons même quand elle scandalise un peu nos pudeurs européennes; nous l'aimons parce qu'elle évoque si joliment à nos yeux le Japon d'autrefois, celui des kimonos, des papillons diaprés, des parterres de roses, de dalhias, de tulipes et de chrysanthèmes, celui d'il y a deux mille ans, celui d'hier aussi, — il y a un demi-siècle à peine ! — et qui était plus gentil vrai- ment que le Japon d'aujourd'hui avec ses cuirassés, ses torpilleurs et ses redingotes.
M. Henri Lavedan nous dit dans un « Kakémono liminaire » sa prédilection pour le livre de Félicien Ghampsaur, qui semble écrit avec des pinceaux, par la main à grands ongles d'un lettré de Yeddo, et dans lequel il a particulièrement goûté la prestigieuse variété des descriptions, l'évocation de ces matins, de ces, soirs, de ces aubes, de ces crépuscules « rendus par Félicien Ghampsaur, avec un rare bonheur de vision et de perception ».
L'éditeur a fait de ce livre un joyau de bibliophilie; avec une prodigalité inouïe il a semé presque à chaque