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NOVEMBRE. — LES ROMANS 345

mai'i : elle a écouté les propos galants de M. Landelle, le patron de Louveau, elle s'est donnée à lui émue et respectueuse, comme au seigneur. Louveau tout de ^uite a soupçonné son malheur et lorsqu'un enfant est venu au monde, il a été certain, et il a arraché l'aveu à sa femme.

A partir de ce moment le garde-chasse, toujours res- pectueux devant le maître, s'est mis « à l'affût »; il a longuement, patiemment, médité sa vengeance, et quand l'enfant, adoré par sa mère, protégé par son paiTain — car Landelle est son parrain — est devenu un homme, il lui a fait, sournoisement, cruellement, comprendre le secret de sa naissance. Le jeune garçon abuse de ce secret : il multiplie les exigences, il accumule les fautes, et il finit par se rendre coupable dans la mai- son de commerce de Landelle, où il fut pris comme employé, d'un vol de cinq mille francs.

Landelle, excédé, ne veut plus réparer; il se refuse à pardonner cette nouvelle faute; mais sa femme, malade et dolente, qui a tout compris depuis des années, l'oblige au pardon.

Mais au moment où il apporte la nouvelle de ce par- don, un coup de feu retentit, le cadavre du jeune homme, est rapporté sanglant* et, devant la mère qui hurle sa douleur, et qui dit en sanglotant : « Mon petit i^^ars, mon petit gars qui s'est tué !... » Louveau sort des broussailles profondes, son fusil en bandoullière et dit posément : « C'est point lui qui s'est tué. C'est moi qui l'ai tué. » Cette sombre histoire, que mon analyse rend nécessairement un peu sommaire, est tout à fait dra- matique, et M. Rageot en a ménagé les effets avec beau- coup d'art et de talent.