NOVEMBRE. — LES ROMANS 331
société, et c'est heureux, car ses jugements furent sou- vent injustes; les orages sont passés, il a pardonné à ses ennemis, et même, ce qui est plus louable encore — et plus difficile — à ses amis. Il retrouve en Italie, dans cette Italie qu'il découvre en des pages lumineuses, une femme, Grazia, que nous avions déjà entrevue et dont nous apprenons à mieux connaître le fin visage, le cœur délicat et profond. Il la retrouve avec joie : une amitié très tendre les unit qui, imperceptiblement, devient un profond amour; mais la vie de nouveau les sépare. Grazia meurt loin de son ami, et Jean Chris- tophe passe une fois de plus à côté du bonheur. 11 se résigne doucement, contemple avec une indulgence apaisée la vie autour de lui, "et s'emploie avec ferveur à une dernière bonne action : Tunion du fils de son ami Olivier et de la fille de son amie Grazia.
Et puis, il meurt très doucement dans la joie, dans la sérénité, dans la foi retrouvée. « Oh ! joie de se voir disparaître dans la paix souveraine du Dieu qu'on s'est efforcé de servir toute sa vie ». C'est l'étape finale, ce n'est pas la fin. « Seigneur, dit-il, n'es-tu pas trop mécontent de ton serviteur : j'ai fait si peu ! Je ne pou- vais faire davantage. J'ai lutté, j'ai souffert, j'ai erré, j'ai crié. Laisse-moi prendre haleine dans tes bras pater- nels. Un jour, je renaîtrai pour de nouveaux combats ». Et le grondement du fleuve et de la mer bruissante chantèrent avec lui : « Tu renaîtras. Repose. Tout n'est plus qu'un seul cœur. Sourire de la nuit et du jour enlacés ».
C'est le final de la symphonie, final apaisé, plein d'espoir et de sérénité. « Musique qui berças mon âme endolorie, musique qui me l'as rendue ferme, calme et joyeuse — mon amour et mon bien, — je baise ta bouche pure, je cache mon visage dans tes cheveux de miol, j'appuie mes paupières qui brûlent sur la paume douco de tes mains..., et I)lotti sur ton cœur, j'écoute Je b.'it I crridif de ]i\ vif éf <'rfH'll<' »,