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AOUT-SEPTEMBRE. — LES ROMANS 259

sont amusantes et jolies, comme elles pourraient être souvent émouvantes si M. iVbel Hermant le voulait, et s'il n'était d'avance décidé à sourire nonchalamment de toutes les petites misères humaines qu'il évoque avec une si poignante vérité, sans se laisser jamais api- toyer par elles !

Gomme il est bon prince, il nous permet cependant cette pitié et cette émotion dont il sait si bien se défen- dre lui-même; et nous ressentons une impression pro- fonde et poignante en lisant l'histoire d'Hélène et de Georges, repris par la passion d'autrefois, dans le décor des îles Borromées; celle de Fanny, la comédienne vieillie et toujours belle, à qui la déclaration d'un col- légien fait revivre sa jeunesse, le soir où, devant une salle ravie, elle reprend — vingt ans après ! — le rôle de ses triomphants débuts; celle encore de la petite reine fiancée par raison d'État au frère du prince qu'elle adorait et qui vient de mourir, et tant d'autres.

Ce ne sont pourtant pas toutes des histoires tristes; la plupart, au contraire, se contentent d'être cyniques avec jovialité; mais il n'en est pas une qui ne vous laisse un peu de mélancolie, la mélancolie du passé, du sou- venir, des successions, des reprises, des « seconds tour- nants »; seulement, cette mélancolie, vous ne la ressen- tez qu'après: d'abord, vous avez été pris par l'intérêt de ces petites comédies si amusantes, si dramatiques, si humaines, où le dialogue est paré de toutes les grâces d'un style si souple, si original et d'une si harmonieuse perfection.

LUCIE DELARUE-MARDRUS

L'Ine xpérimentée.

U Inexpérimentée dont nous parle M"™^ Lucie Delarue- Mardrus, est une jeune fille, la jeune fille éternelle,