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VI PRÉFACE

un vrai mouvement de vertu, car il y a en nous des puissances qui nous détournent vers le vulgaiie. On doit prendre comme un signe des temps, comme une preuve entre mille des grandes disciplines restaurées, le fait que le public distingue et met au premier irang les ouvrages qui traitent des questions éter- nelles, et dans lesquels une idée générale supporte et lie les faits du récit.

« A quoi sert un roman, s'il n'est pas amusant? »

C'est un mot que j'ai encore dans l'oreille avec l'accent dont il m'était dit, il y a des années, à l'enter- rement d'Alphonse Daudet, quand nous suivions le cortège du grand romancier le long du boulevard Saint-Germain. Pourquoi certains mots qui n'ont rien d'extraordinaire vont-ils ainsi se loger dans notre esprit et n'en sortent plus? Je ne pus rien répondre à mon aimable voisin de rang, aujourd'hui mon con- frère, M. Henry Roujon, qui venait, s'en souvient-il? de conclure par cet aphorisme quelques réflexions sur l'art du roman, toutes naturelles en la circons- tance. Je ne pus rien lui répondre parce que, dans le même moment, un scandale éclata. Du haut d'un tramway, un homme passionné se mit à interpeller et à injurier Zola (qui tenait un des coins du poêle avec Edouard Drumont).

En voilà un, mon cher Roujon, ce protestataire du tramway, qui avait été intéressé, ému au plus haut point par des romans et qui ne les avait pas trouvés le moins du monde amusants.

Amuser, amusant, amusement, je ne connais pas de mots plus suspects. Qu'est-ce que cela veut dire