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Les agents de destruction : l’érosion et les glaciers ont altéré parfois profondément le relief primitif des volcans les plus anciens, en usant et décapitant leurs hauts sommets. Les vieux Vésuve et Etna auvergnats ont été ainsi réduits de moitié et entaillés de profondes vallées, pratiquées au milieu de leurs laves et de leurs projections. C’est grâce à ces entailles que les géologues ont pu reconstituer leur histoire, celle des mondes animés qui vivaient dans leur voisinage, et suivre pas à pas les différentes phases de leur évolution.

Si l’étude d’un volcan en activité est intéressante, celle d’un vieux volcan l’est peut-être encore davantage, car il porte dans ses flancs les traces d’une longue suite de siècles. Si la lumière du présent éclaire le passé, celle du passé illumine singulièrement le présent.

Historique. — Il n’y a guère plus d’un siècle et demi (c’est en 1751), que l’on sait qu’il y a eu des volcans anciens, en dehors des volcans en activité. Et c’est précisément en Auvergne qu’eut lieu cette découverte mémorable qui devait avoir une répercussion profonde sur les études du vulcanisme.

Avant cette époque, les beaux cratères de la Chaîne des Puys étaient considérés comme des hauts fourneaux gigantesques, où les Romains et les Gaulois avaient, sans doute, exécuté des travaux cyclopéens et les scories volcaniques étaient le mâchefer de ces fourneaux.

C’est Guettard, précepteur de Lavoisier, savant et observateur habile, qui reconnut le premier la nature volcanique des collines de la Chaîne des Puys. Il avait été préparé, il est vrai, à cette découverte par de nombreux voyages effectués en Europe, notamment en Italie. J’ai eu la bonne fortune de posséder ses carnets de voyages. Ils dénotent un esprit vif, précis, très scientifique, enthousiaste des études de la nature, et toujours à la recherche du pourquoi des choses. Il n’est donc pas surprenant qu’il ait entraîné Lavoisier, durant un certain temps, sur le chemin de la Géologie, où le jeune savant se complaisait si bien, qu’il écrivit plus tard « avoir regretté de ne pas continuer des études qui élèvent tant l’esprit et sont si philosophiques ».