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Le Cantal est étoilé aujourd’hui par de profondes et pittoresques vallées, d’origine surtout glaciaire (vallées de l’Alagnon, Sontoire, Cère, Jordanne, Mars, Sumène, Goul, Maronne, Rhue, Brezons, etc.), qui le découpent en une vingtaine de secteurs et entaillent le gâteau volcanique parfois jusqu’à sa base. L’activité volcanique qui lui donna naissance débuta, sur un substratum archéo-granitique et oligocène, profondément fracturé, par des éruptions disséminées sur un vaste espace et d’âge Miocène supérieur, ainsi que le prouve la faune du Puy Courny à Dinotherium giganteum, Mastodon longirostris, Rhinoceros Schleiermacheri et Hipparion gracile (Boule), recueillie dans des formations situées à sa base. La flore de Joursac, de la même époque, étudiée par M. Marty, comprend plus de 100 espèces ayant un caractère eurasiatique prononcé et se répartissant en zônes alpine, sub-alpine, sub-tropicale et même tropicale.

A cette première phase, en succéda une seconde, durant laquelle l’activité volcanique se concentra dans un périmètre restreint et il se forma un grand cône couronné par une caldeira centrale, présentant sur ses flancs, semblables à ceux de l’Etna de multiples cônes secondaires alignés sur des fractures (fig. 16 et 17).

De ces bouches éruptives sortirent alors successivement des projections variées, des cendres (cinérites), des coulées boueuses (brèches et conglomérats andésitiques), des nuées ardentes, puis des coulées de lave, qui ensevelirent les premiers volcans.

Par places s’édifièrent également des dômes trachytiques et phonolitiques. A divers niveaux s’intercalent des cinérites renfermant les végétations successives recouvrant les flancs de l’énorme édifice en voie d’accroissement. Ces cinérites sont parfois en relation avec des dépôts à diatomées (randannite), très développés et exploités à divers niveaux (Neussargues et Auxillac). Les flores étudiées à Niac, Saint-Vincent, la Mougudo, etc., par de Saporta, l’abbé Boulay, Marty, Laurent, Lauby, montrent que cette activité dura pendant le Miocène supérieur et tout le Pliocène inférieur[1] et que l’édification était achevée au début du Pliocène moyen. Le revêtement extérieur (coulées) comprend surtout des plateaux basaltiques ou planêzes (Saint-Flour, Mauriac) couverts de beaux pâturages qui contrastent par la richesse et la profusion de leur végétation avec le substratum archéo-granitique.

  1. Marty et G. Dolfus signalent une faune de mollusques (Helix, Planorbes, Limnées), et de Vertébrés et une flore plaisancienne dans une argile ligniteuse Intercalée dans le conglomérat andésitique de Pont-de-Gail, près de Saint-Clément (Cantal).