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montagnes, aux fontes rapides des neiges, aux nombreux orages de la région et à un déboisement néfaste. La régularisation de ces débits par l’établissement de réservoirs de barrage, destinés à des entreprises hydro-électrique (houille blanche) est à l’état de projet ou en bonne voie d’exécution sur un grand nombre de points. La seule Dordogne pourra fournir avec ses affluents, dans sa traversée du Massif, environ 400.000 chevaux. 3 barrages successifs de 90, 120 et 40 mètres sont prévus entre Bort et Argentat (Corrèze) et fourniront 160.000 H. P. Le second barrage (Chambon, Cantal) sera un des plus hauts du monde. Des usines hydro-électriques sont déjà en fonctionnement ou en construction sur la Sioule, le Cher, la Creuse, la Vézère, la Vienne, le Thaurion, la Truyère, le Bès, la Loire, etc. Rappelons que c’est à Bourganeuf (Creuse), en 1888, que le transport à distance de l’énergie électrique produite par une chute d’eau (de la rivière la Maulde 30m) fut pour la première fois utilisé par Marcel Desprez.

J’estime que l’on pourra trouver 2 millions de H. P. dans les cours d’eaux du Massif, ce qui correspond à 1/5 de la force produite par les rivières alpines de France. L’utilisation d’une telle énergie amènera dans quelques années, une modification profonde dans l’état industriel et économique de la région.


Les lacs et les tourbières. — Le Massif Central possède peu de lacs, encore sont-ils de faible étendue, mais par contre ils sont très instructifs en raison de la variété de leur origine. Ils représentent le reliquat de plus de 200 lacs quaternaires nés, en général, de l’action glaciaire ou volcanique.

Les lacs volcaniques actuels résultent du barrage d’une vallée par une ou plusieurs coulées de lave (lac d’Aydat, de Servières), ou par un cône éruptif (lacs Chambon, de Montcineyre), tandis que certains occupent un cratère ordinaire (lacs de la Godivelle et du Bouchet) ou une simple dépression dans un plateau basaltique (lacs de Bourdouze, d’Arcône). Les plus curieux qui sont, en même temps les plus profonds, remplissent une cavité d’explosion, tels sont le gour de Tazanat (66m), le célèbre lac Pavin (92m) (fig. 21) et le lac d’Issarlès (108m, Ardèche).

Parmi les lacs d’origine glaciaire (ou rocks-bassins) creusés par les glaciers, citons les lacs Guéry et de Chambedaze. Ceux de la Crégut, de Laspialade, des Esclauzes, de la Landie et probablement le lac Chauvet, résultent du barrage d’une vallée par une ou plusieurs moraines.

C’est le Massif des Monts Dore qui est le plus riche au point de vue limnologique, ce qui ajoute à l’attrait de ses paysages