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de l’écriture sainte.

qui étaient tombées en désuétude. Sans nous élever précisément contre cette opinion, nous pensons que, dans l’intérêt même de l’intégrité des Ecritures, on doit la restreindre le plus possible ; d’autant mieux que dans cette partie, l’arbitraire se substitue très-aisément à la critique.

On croit encore, mais avec un grand partage d’opinions pour et contre, qu’Esdras a écrit les livres saints en caractères chaldéens, que les Juifs adoptèrent, à leur retour en Palestine, avec la langue chaldaïque, qui leur avait été familière pendant la captivité. On peut voir dans D. Calmet les raisons sur lesquelles ce sentiment est fondé[1].


SECTION II.
Canons de l’Eglise chrétienne.

Afin que le lecteur puisse mieux saisir ce que nous allons dire touchant les différents Canons des chrétiens, nous lui rappellerons ce qu’il a déjà vu page 5, que les livres tant de l’Ancien que du Nouveau Testament se divisent en proto-canoniques et deutéro-canoniques ; que les proto-canoniques de l’Ancien Testament sont ceux que la Synagogue a admis dans son Canon, et les deutéro-canoniques, ceux que l’Eglise catholique a ajoutés à à ces premiers dans son Canon particulier ; que les proto-canoniques du Nouveau Testament sont les livres qui ont toujours passé dans toutes les églises pour être indubitablement canoniques ; et les deutéro-canoniques, ceux qui ayant d’abord passé pour douteux dans quelques églises particulières ont été ensuite reconnus par ces mêmes églises comme faisant partie essentielle de l’Ecriture sainte.

Or, les livres que l’Eglise catholique a reconnus pour canoniques sont : 1o dans l’Ancien Testament, les cinq livres de Moïse, c’est-à-dire, la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome ; Josué, les Juges, Ruth ; quatre livres des Rois ; deux des Paralipomènes ; le premier d’Esdras, et le second, sous le titre de Néhémie ; Tobie, Judith, Esther, Job ; cent cinquante Psaumes, les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique des cantiques, la Sagesse, l’Ecclésiastique ; Isaïe, Jérémie et Baruch ; Ezéchiel, Daniel ; les douze petits Prophètes, qui sont : Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie ; deux livres des Machabées, le premier et le second.

  1. D. Calmet, Dissert.  où l’on examine si Esdras a changé les anciens caractères hébreux. tom.  I. Cette dissertation a été reproduite dans la Bible de Vence et placée en tête du livre d’Esdras. Le sentiment contraire à celui de D. Calmet a été soutenu avec chaleur par Albert Schultens, dans ses Institutiones ad fundamenta linguæ hebr. pag. 15-20. On peut consulter encore sur cette question, W. Gesenius, Geschichte der hebraïschen Sprache und Schrift.