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de la canonicité.

au moins d’une manière sûre, que les noms de Moïse, de Samuel, d’Isaïe, de David, etc., qui se lisent en tête de ces livres, comme pour rappeler seulement aux Juifs que leurs ancêtres avaient possédé autrefois des écrits sacrés composés par ces hommes vénérables. Cette réflexion, qui est une conséquence rigoureuse du système de R. Simon, suffirait seule pour le faire rejeter.


TROISIÈME PROPOSITION.
Le travail d’Esdras sur les Ecritures consiste principalement en ce qu’il fit une révision des livres des Juifs, corrigea les fautes qui avaient pu s’y glisser, et dressa un Canon ou Catalogue de tous ceux qui devaient être reconnus comme sacrés.

1. Après ce que nous avons dit dans les questions précédentes, et surtout dans les deux propositions que nous venons d’établir, il est aisé de comprendre que tel a dû être en effet le travail d’Esdras. Car s’il est prouvé, d’un côté, que ce fut de son temps que l’on recueillit en un seul corps d’ouvrage les écrits sacrés du peuple juif, et que lui-même, comme restaurateur zélé de la religion, et prêtre versé dans la connaissance de la loi du Seigneur, dut avoir au moins la plus grande part à la formation du Canon, et, de l’autre, qu’il n’a ni recomposé de nouveau, ni altéré dans leur substance les livres saints, en y faisant des retranchements, des additions ou autres changements considérables, il semble démontré par là même qu’il ne lui restait plus qu’à rassembler le plus grand nombre d’exemplaires des livres sacrés qu’il put trouver, à conférer exactement les manuscrits, à choisir les meilleurs, en faisant disparaître les fautes qui pouvaient s’y être glissées par la négligence des copistes, et à former, au moyen de cette collation, un corps d’Ecritures très-correct, qui, ayant reçu approbation de la Synagogue, devint le code sacré de la nation juive.

2. Indépendamment de cette preuve, nous en avons encore une dans le témoignage constant de la tradition des Juifs et des chrétiens, qui attribuent ce même travail à Esdras ; et s’il est quelques auteurs qui fassent exception, ce sont uniquement ceux qui lui en assignent un plus considérable, la recomposition entière, par exemple, des anciens écrits sacrés.

En disant dans notre proposition que le travail d’Esdras sur les Ecritures consistait principalement dans la révision et la formation d’un Canon complet, nous avons donné à entendre que ce prophète avait fait encore autre chose. On croit en effet assez généralement qu’il a pu mettre quelques liaisons dans certains passages, ajouter quelques explications devenues nécessaires pour l’intelligence du texte, et enfin remplacer par des noms nouveaux les anciennes dénominations de lieux