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de l’écriture sainte.

D’un autre côté, si l’on considère qu’entre le fils de Sirach et de Néhémie il n’y a eu environ que cent ans de distance, on se demandera tout naturellement comment il se fait que le livre de cet écrivain n’a pu être introduit dans le Canon ? La question se résout facilement dans notre opinion, mais elle devient insoluble pour les critiques qui soutiennent qu’au temps d’Esdras et de Néhémie le Canon des Juifs n’était pas encore fermé.

6. Enfin la tradition des églises chrétiennes fait remonter jusqu’au temps d’Esdras et de Néhémie la formation du Canon des livres que les Juifs ont toujours regardés comme sacrés et divins ; nous verrons dans les questions suivantes les nombreux témoignages qui établissent cette tradition.

Comme les difficultés qu’on a opposées à la clôture du Canon des Juifs, telle que nous venons de l’admettre, s’appliquent également à la question suivante, nous ne nous en occuperons point dans celle-ci.


QUESTION TROISIÈME.
Quel est l’auteur du Canon des Juifs ?

1. Si l’auteur du Canon des Juifs ne peut pas être déterminé d’une manière bien précise, il faut convenir que des autorités de plus d’un genre conspirent à prouver qu’Esdras lui-même a recueilli tous les livres qui, quoique déjà reconnus pour divinement inspirés, ne formaient cependant pas encore un seul corps d’ouvrage, et que c’est lui qui les a fait accepter comme tels à toute sa nation. Mais en nommant Esdras, nous ne prétendons pas qu’il ait fait seul tout le travail, et que seul il ait accompli cette importante mission ; car les prophètes Aggée et Zacharie vivaient encore, et peu de temps après parurent le prophète Malachie, et Néhémie, dont le livre a été inséré dans le Canon à la suite de celui d’Esdras. Ainsi Esdras a commencé le Canon et Néhémie l’a terminé ; et comme l’autorité de la Synagogue se trouvait réunie à celle des prophètes, rien ne manquait à ce qui était nécessaire pour obliger toute la nation à recevoir le Canon muni de cette double autorité[1].


    erst. Theil. erst. Abtheil. S. 64). Voyez sur cette opinion déjà soutenue par Bretschneider (Lib. Sirac. græce, pag. 662), ce que nous avons dit dans l’Introduction particulière au livre de l’Ecclésiastique.

  1. « Certum est igitur, dit Huet, Esdram libros sacros dissipatos collegisse, et instaurasse : utcumque vero egregius fuerit iste labor, fructu tamen caruisset, nisi accessisset publica Synagogæ auctoritas, quæ recognovisset opus, et expensum comprobasset, ejusque usum populo concessisset. Quapropter non quâsi Esdræ, sed quasi Synagogæ ipsius opus ab Elia Levita, aliisque rabbinis habitum est.