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de l’écriture sainte.

en publiant le Pentateuque, l’avait proposé comme étant la parole même de Dieu.

Depuis Moïse jusqu’au schisme des dix tribus, il y a eu sans doute des écrivains inspirés ; mais il ne paraît point que leurs écrits aient été mis dans le Canon de l’Eglise juive ; car s’ils y avaient été mis, les Juifs qui se séparèrent du corps de la nation auraient dû conserver non-seulement le Pentateuque, mais encore tous les autres livres. Or, il est manifeste qu’ils n’ont emporté avec eux que le Pentateuque, puisque les Samaritains n’ont jamais eu que ce livre, qu’ils avaient reçu des Juifs schismatiques. Les livres inspirés étaient sans doute respectés par la tradition ; mais un jugement solennel de la Synagogue ne les avait pas encore mis : dans le Canon : il paraît qu’elle s’en était rigoureusement tenue au Pentateuque.

Nous ne voyons pas qu’il y ait eu d’autre Canon solennellement reconnu que celui qu’on attribue à Esdras, et dont nous allons nous occuper, mais il est incontestable que depuis Moïse jusqu’à Esdras il y a eu beaucoup d’autres livres inspirés tels que Josué, les Rois, etc., qui ont existé bien avant la captivité ; et que durant ce laps de temps les Juifs n’ont pas manqué d’une autorité suffisante pour déclarer la divinité de leurs ouvrages, puisqu’ils ont eu la Synagogue et les prophètes, dont le ministère extraordinaire ne manquait jamais. « Car, comme le remarque Eusèbe, parmi les Hébreux, ce n’était point au peuple à juger de ceux qui étaient inspirés, ni à rien décider au sujet de leurs ouvrages divins ; cet emploi n’était réservé qu’à un petit nombre de personnes assistées elles-mêmes du Saint-Esprit pour prononcer sur cela, ainsi que sur leurs auteurs, lesquels étaient favorisés d’une inspiration spéciale pour mettre ces oracles par écrit. Eux seuls avaient l’autorité de consacrer les livres mêmes des prophètes et de rejeter les autres comme faux et supposés[1]. »

Il est certain que les Juifs ont maintenant un Canon des saintes Ecri- tures qui contient trente-neuf livres, qu’ils ont réduits à vingt-quatre, nombre des lettres de l’alphabet grec. Or, ces vingt-quatre livres sont : 1 la Genèse, 2 l’’Exode, 3 le Lévitique, 4 les Nombres, 5 le Deutéronome, 6 Josué, 7 les Juges, 8 deux livres de Samuel, 9 deux livres des Rois, 10 Isaïe, 11 Jérémie, 12 Ezéchiel, 13 douze petits Prophètes, 14 les Psaumes, 15 les Proverbes, 16 Job, 17 le Cantique des cantiques, 18 Ruth, 19 les Lamentations, 20 l’Ecclésiaste, 21 Esther, 22 Daniel, 23 Esdras et Néhémie, 24 les Paralipomènes. Mais les anciens Juifs joignant Ruth aux Juges et les Lamentations de Jérémie à ses prophéties, ne comptaient que vingt-deux livres, pour se conformer aux vingt- deux caractères de leur alphabet, de même que les Grecs ont divisé

  1. Præp. evang. l. XII, cXXII, p. 597. Parisiis, 1628.