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de l’écriture sainte.

rieure à l’inspiration, puisqu’elle a pour but unique de diriger l’entendement de l’écrivain sacré dans l’usage de ses facultés, de telle sorte qu’il ne commette aucune erreur, tandis que l’inspiration influant de plus sur sa volonté, le pousse et le détermine à écrire. Ainsi, dans la simple assistance, c’est l’écrivain qui s’est déterminé à écrire librement et indépendamment de tout secours surnaturel, tandis que dans l’inspi- ration, c’est Esprit saint lui-même qui est l’auteur de sa détermination. Voici une autre différence non moins frappante. Dans l’inspiration, Dieu dicte ou suggère à l’écrivain sacré qu’il anime de son souffle divin (c’est l’expression dont s’est servi saint Paul, θεόπνευστος) au moins le fond de ce qu’il doit dire, et le conduit de telle manière que non-seulement il ne peut tomber dans la moindre erreur ou la plus légère surprise, mais que tout ce qu’il écrit est la pure parole de Dieu, et a Dieu pour auteur ; mais dans la simple assistance, l’Esprit saint ne dicte rien, ne suggère rien : il empêche seulement que l’écrivain qui en est favorisé ne fasse un mauvais usage de ses lumières. Ainsi c’est moins une illumination de l’entendement qu’un secours externe de providence qui veille à ce que l’écrivain ne tombe dans aucune erreur ; de sorte qu’avec ce seul secours, tout ce qu’il dit reste sa propre parole ; parole infaillible, il est vrai, mais qui n’a que l’homme pour auteur.

2. S’il y avait dans l’Ecriture des endroits composés sous la simple assistance, il y aurait donc des parties qui seraient inspirées et d’autres qui ne le seraient pas, et qui par conséquent ne pourraient pas être dites la parole de Dieu, et seraient tout simplement des paroles humaines : or ce mélange de paroles de Dieu et de paroles humaines, loin de trouver le moindre fondement dans les auteurs sacrés et dans la tradition, se trouve en opposition formelle avec ces deux autorités, qui affirment expressément que toute l’Ecriture a été divinement inspirée, et que toute entière elle est la parole de Dieu.

3. Si dans la composition de leurs ouvrages les écrivains sacrés n’avaient eu pour tout secours que la simple assistance, quelle différence mettrait-on entre leurs écrits et les décisions des conciles œcuméniques ? Cependant la tradition et l’Eglise elle-même en reconnaissent une immense. Les Ecritures sont à leurs yeux la parole de Dieu même, tandis qu’elles ne regardent les décrets de ces conciles que comme l’explication purement humaine, quoique infaillible, de cette divine parole.

4. Si la simple assistance ne suffit pas pour qu’un ouvrage soit réputé Ecriture sainte, il ne peut, à plus forte raison, devenir la parole de Dieu, quand il a été composé sans ce secours et par une industrie toute humaine. L’Eglise, assistée elle-même par le Saint-Esprit, ne peut déclarer par ses décisions que ce qui a été fait ; et il n’est pas en son pouvoir de changer la nature d’un livre ; elle le fait connaître pour ce qu’il est ; mais, en l’approuvant, elle ne peut pas faire qu’il ait été