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de l’écriture sainte.

mis en opposition avec une tradition la plus unanime, la plus constante, la plus universelle et la plus ancienne, puisque aucune origine autre que celle des temps apostoliques ne saurait lui être assignée. Aussi, pour donner la plus légère apparence de vérité à leur erreur, ils s’efforcent de décliner ce tribunal dont ils sentent l’accablante autorité, en recourant à des subterfuges qui ne peuvent en aucune manière contrebalancer le poids de cette autorité, comme on va le voir.


Difficultés proposées contre l’inspiration de l’Ecriture sainte, et Réponses à ces difficultés.

Obj. 1o La tradition, suivant J. D. Michaëlis, se réduit en dernière analyse au témoignage de l’Église primitive : or cette Église n’a aucun moyen d’attester le fait de l’inspiration, qui, étant par sa nature secret et caché aux sens, ne peut être l’objet d’aucun témoignage[1].

Rép. L’inspiration, il est vrai, s’est passée dans l’esprit des écrivains sacrés ; mais, toute secrète qu’elle est, cette inspiration peut avoir été connue des écrivains sacrés eux-mêmes, et manifestée par eux à l’Église : or la preuve évidente qu’ils l’ont réellement manifestée à l’Église primitive, c’est que l’Église a reconnu, dès les premiers temps, les livres du Canon pour inspirés. Car, comme nous l’avons déjà dit, une persuasion aussi unanime, aussi universelle, aussi constante et aussi ancienne, doit avoir nécessairement une cause ; et d’un autre côté, il est manifeste que cette cause ne peut être que la déclaration publique qu’ont faite les apôtres et les autres écrivains sacrés, que leurs écrits étaient divinement inspirés. Ainsi, le témoignage de l’Église primitive n’a pas pour objet immédiat le fait secret de l’inspiration, mais la déclaration publique et solennelle que les apôtres lui ont faite de l’inspiration de leurs écrits. Cependant le fait public de cette déclaration devient lui-même une preuve irrécusable du fait secret de l’inspiration.

Obj. 2o Les écrivains sacrés, disent quelques critiques, avouent eux-mêmes que ce n’est pas sans peine et sans beaucoup de travail qu’ils ont écrit. C’est ainsi que l’auteur du deuxième livre des Machabées dit qu’il n’a pas entrepris un ouvrage qui soit aisé, mais un travail qui demande une grande application et beaucoup de peine (chap. II, vers. 27) ; il va même jusqu’à dire (xv, 39) que si sa narration est bien et telle que l’histoire la demande, c’est ce qu’il souhaite lui-même ; que si au contraire elle est écrite d’une manière moins digne de son sujet, c’est sur lui qu’il faut en rejeter la faute[2].

  1. Introd. au N. T. tom. I, part. I, chap. III, sect. 2, pag. 112 et suiv., traduction franç. de J. J. Chenevière.
  2. Un écrivain dont le profond savoir commande le respect, feu Étienne Qua-