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de l’écriture sainte.

mentale ? N’était-ce pas au moins un devoir sacré pour lui d’éviter avec soin de la confirmer par son propre témoignage ? Eh bien Jésus-Christ n’a jamais dit un mot pour improuver cette croyance. Il combat avec force les fausses traditions des Juifs et les gloses arbitraires que leurs docteurs ajoutaient à la loi ; mais jamais il ne s’élève contre l’inspiration des livres de l’Ancien Testament. Au contraire, toutes les fois qu’il en parle, c’est toujours avec le plus grand respect ; bien plus, il les appelle expressément loi divine, écriture divine, oracles de l’Esprit saint ; il s’en sert même pour prouver sa divinité et sa mission divine[1]. Ainsi lorsque Jésus-Christ, envoyé de Dieu, et Dieu lui-même, après avoir prouvé sa mission par des miracles, cite comme inspirés et divins les livres de l’Ancien Testament, leur inspiration devient par là même un fait indubitable.

3. Les apôtres, formés à l’école de Jésus-Christ, qui leur expliqua en particulier tout le secret de sa doctrine, ont dû connaître ses véritables sentiments sur l’inspiration de l’Écriture, et par conséquent nous pouvons nous en rapporter avec confiance à leur témoignage : or il est certain que, loin de contredire la doctrine commune des Juifs sur ce point, ils l’ont, au contraire, toujours supposée en disputant contre les Juifs et les gentils ; et, à l’exemple de Jésus-Christ, ils donnent aux Écritures le titre de saintes et d’oracles divins[2]. Saint Pierre en particulier ne cesse d’argumenter dans ses discours d’après l’autorité divine de l’Écriture[3]. Saint Paul cherche à convertir les Juifs à la religion de Jésus-Christ en établissant sa mission divine par des citations de la loi de Moïse et des prophètes : il dit même à cette occasion, que l’Esprit saint a parlé par la bouche du prophète Isaïe[4]. Mais saint Pierre nous fournit un passage qui, tout en démontrant la divinité des Écritures, nous fait connaître le caractère dominant de l’inspiration : « Ce n’a pas été par la volonté des hommes, dit-il, que les prophéties nous ont été anciennement apportées, mais ç’a été par le mouvement et l’incitation du Saint-Esprit (ὑπὸ Πνεύματος ἁγίου φερὀμεοι) que les saints hommes de Dieu ont parlé[5]. » Il est vrai que Jean Le Clerc, dans l’ouvrage intitulé Sentiments de quelques théologiens de Hollande, a prétendu que c( saint Pierre ne parle proprement que des livres prophétiques, et non pas des histoires ; » mais il n’y a rien dans le discours de l’apôtre qui exige qu’on restreigne ces mots aux seuls livres prophé-

  1. Math xi, 13. XV, 3-6. xix, 2-6. xxii, 31, 43. xxvi, 54. Marc. vii, 9, 13. Luc. XVI, 16, 29. xviii 31. xxiv, 25-27, 44-46. Joan. v, 39, 46. x, 34-36.
  2. Rom. i, 2. iii, 2. iv, 2, etc. Gal. iii, 8, 10. Hebr. iii, 7. xii, 27.
  3. Act. iii, 18-25.
  4. Act. xxviii, 23, 25.
  5. 2 Petr. i, 21.