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de l’écriture sainte.

théologiens de Hollande, enseigne, entre autres erreurs, que les prophètes, quoique inspirés quand Dieu leur a révélé les choses futures, les ont cependant écrites d’une manière humaine.

Bahdt soutient que les écrivains sacrés n’ont reçu aucun secours surnaturel, et qu’ils n’ont pas même été assistés par le Saint-Esprit, de manière à les préserver d’erreur[1].

Cependant ces ennemis de l’inspiration eurent peu de partisans jusque vers le milieu du dix-huitième siècle, la plupart des anciens protestants s’en tenant toujours à l’inspiration la plus stricte. Mais dès que Toelner, en 1772 eut publié son ouvrage sur l’inspiration et Semler en 1771-1773 son Examen du Canon, l’ancienne doctrine de l’inspiration fut attaquée de mille manières, surtout en Allemagne, où les critiques semblent s’être fait une gloire de l’acharnement qu’ils ont mis à la combattre[2].

Parmi le petit nombre de protestants allemands qui soutiennent aujourd’hui l’inspiration des livres saints, il en est plusieurs qui leur accordent une autorité divine en ce sens seulement qu’ils contiennent des vérités révélées ; mais que ces vérités aient été insérées ou non dans ces livres par l’ordre et par l’inspiration de Dieu, c’est ce dont ils ne s’occupent nullement.

Maintenant donc que nous avons fait connaître quelle était l’idée qu’on devait attacher au mot inspiration, et que nous avons exposé les erreurs qui ont été commises au sujet de ce dogme si important pour la religion chrétienne, nous allons établir les deux propositions suivantes, qui sont de foi, en remarquant avant tout que, l’inspiration étant un fait surnaturel qui n’est connu que de Dieu et de celui qui est inspiré, l’inspiration des livres saints ne saurait être prouvée d’une manière incontestable que par un témoignage divin : or, pour un tel témoignage il suffit qu’un envoyé de Dieu, après avoir prouvé sa mission par des prophéties et des miracles, certifie que ces livres sont marqués au sceau divin, ou bien qu’il les adopte, ou les consacre comme tels.

  1. Opusc. I, de System, ac scopo Jésus, epist. 7.
  2. On peut voir les noms de ces principaux critiques, le jugement qu’on doit en porter et les ouvrages les plus remarquables qu’ils ont publiés sur cette matière, dans H. A. Ch. Hævernick dans son Handbuch der hist. krit. Einleitung in das Alte Testament. Erster Theil. erste Abtheilung., S. 14-16 ; ou bien dans sa Dissertation critique sur l’hist. du Canon de l’Ane. Test. insérée dans les Mélanges de théologie réformée, 2e cahier pag. 148 et suiv.