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VIII
Préface.

et son divin Testament, qui est le dépôt de ses secrets et de ses divines volontés[1]. Il n’a fait ni l’une ni l’autre de ces deux grâces aux nations du monde[2] ; et comme il ne les a pas rendues dépositaires de son corps, il ne leur a point aussi déclaré ses jugements ni confié ses Ecritures, comme il a fait à son Eglise.

» Or ce sacré trésor des Ecritures saintes a été laissé par la bonté de Dieu entre les mains de l’Eglise, son épouse, qui ensuite le confie aux prêtres, afin qu’ils en fassent entendre les mystères, et qu’ils les expliquent au peuple[3], ce qu’ils doivent faire avec un merveilleux respect, traitant saintement cette divine parole, l’honorant comme elle le mérite[4], et la révérant avec d’autant plus de soin, qu’il faut avoir plus de foi pour lui rendre toute la révérence qui lui est due.

» C’est ce qui a porté saint Augustin à vouloir que l’on eût le même respect pour les moindres syllabes de l’Ecriture sainte, que pour les particules de la très-sainte Eucharistie[5], parce qu’elles sont comme des enveloppes, des écorces et des sacrements qui contiennent le Saint-Esprit, qui renferment un abîme inconcevable de mystères, qui portent un fonds intarissable de grâces et de lumières, et qui sont un instrument ordinaire, mais tout divin, sous lequel Dieu agit dans l’Eglise.

» C’est un trésor caché, mais qui n’a point de prix, auquel les personnes éclairées des lumières de la foi portent le respect que mérite une chose sainte de cette importance. De là vient que dans les conciles, où se trouvent les plus éclairés dans la foi, où sont les voyants, videntes, ces divines Ecritures sont placées ouvertes sur un trône, au milieu de l’assemblée[6], et chacun en entrant les salue comme le très-saint Sacrement.

» Ce même respect paraît encore à la sainte messe, lorsque le sous-diacre porte à baiser au prêtre le saint Evangile ; car, quoiqu’il passe devant le très-saint Sacrement et devant Jésus-Christ exposé sur l’autel, il ne fait point de génuflexion, non plus que s’il portait cet adorable Sauveur entre ses mains[7].

» Et parce que l’on confie aux prêtres ces saintes Ecritures et ces divins Testaments de Dieu, non-seulement pour les méditer et pour les révérer en son particulier, mais aussi pour les faire respecter aux fidèles, et pour leur manifester les volontés de Dieu en leur faisant entendre sa parole… » Après avoir dit le but que se propose l’Eglise en faisant lire publiquement dans sa

  1. Greg. Naz. — August in Ps. XXI, enarr. 2, n. 15. — Rupert. in cap.  IV Apoc.
  2. Ps. CXVIII v. ult
  3. Malach., II, 7.
  4. Ignat. Ep. ad. Philad. n. 5.
  5. Append. Aug. serm. 300, n. 2.
  6. Chrys. Hom. de Pentec. — Lucius episc. in Conc. Carthag. apud. Cyprianum, pag. 334. — Act. Conc. Chalced. act. 1. — Baron. an. 325, n. 60
  7. Gavant, Comment. in Rubr. Missal. part. II, tit. 6, litt. p.