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APPENDICE



LA SANGLE PELVIENNE ET LE CORSET


M. Albert ROBIN, dans un important chapitre de son Traité des Maladies de l’estomac qu’il consacre à l’Entéroptose, s’exprime de la façon suivante sur la ceinture de Glénard qu’il vient de décrire : « Cette disposition est certainement avantageuse et constitue un réel progrès sur les ceintures classiques, mais je lui reproche de faire un gros ventre, de déformer la taille, de former le bec quand la femme s’assied et de pincer la peau entre la sangle et le corset. C’est un modèle utile chez l’homme, mais inacceptable pour une femme. »[1]

En effet ! l’application de la sangle chez une femme se heurte à un obstacle qui n’existe pas chez l’homme et cet obstacle, c’est le corset. Le corset étrangle la taille en refoulant de haut en bas le ventre au-dessous de l’ombilic, la ceinture étrangle l’hypogastre en refoulant de bas en haut le ventre au-dessus de l’ombilic. La résultante de ces deux pressions en sens contraire est une projection du ventre en avant au niveau de la région ombilicale. Rien n’est plus disgracieux. Mais de plus, entre la sangle qui ne monte pas assez haut et le corset qui ne descend pas assez bas, la partie proéminente du ventre trouve une zone de moindre résistance, elle fait hernie entre la sangle et le corset et la peau se laisse pincer aux divers mouvements de flexion du tronc.

Pour obvier à ces graves inconvénients, M. Robin n’hésite pas à sacrifier la sangle, et ses indications, à l’ancien corset ; il déforme la sangle et lui rend les défauts des anciennes ceintures, en adaptant la sangle au ventre préalablement corseté. Quant à moi, au contraire, je sacrifie, pour respecter les indications, l’ancien corset à la sangle, non en supprimant le corset, mais en le réformant « adaptant le corset au ventre préalablement sanglé. » (F. GLÉNARD. Traitement de l’Entéroptose, Lyon médical, 1887).

Partant de ce principe, il suffit pour tourner la difficulté, qui n’existe du reste pas chez les femmes maigres, de faire descendre le corset plus bas que l’ombilic, en imbrication sur la sangle, de diminuer sa constriction au niveau de la base du thorax, de l’augmenter au niveau de la zone ombilicale ; il n’y aura plus dès lors, ni forme de bec, ni gros ventre, ni pincement de la peau entre la sangle et le corset ; l’indication thérapeutique aura été rigoureusement respectée, l’esthétique elle-même sera mieux sauvegardée.

Un tel corset, ainsi combiné avec la sangle, non seulement enrayera la maladie de la femme ptosique à gros ventre, mais diminuera peu à peu, par sa compression bien répartie, l’embonpoint du ventre et l’empâtement des hanches. C’est ce que prouve chaque jour la clinique. La clinique montre encore qu’un tel corset-sangle est aussi apte à prévenir le gros ventre et l’Entéroptose que l’ancien corset était apte à les provoquer.

Cette solution du conflit soulevé entre la sangle et le corset par la doctrine de l’Entéroptose est donc diamétralement opposée à celle que préconise M. Robin.

  1. ALBERT ROBIN. Les maladies de l’estomac. Paris, Rueff, 1901, 3e partie, p. 758, et ibid. 2e ed. 1905, p. 922.