portât lui-même ses investigations sur la maladie et l’hérédité de Guy de Maupassant. Le docteur Alexandre Lacassagne est un lettré et un Maupassantiste fervent. Le public gagnerait sans doute à connaître les résultats d’une enquête où il mettrait la marque de sa probe et haute science.
Pour nous, nous nous en tiendrons à l’enquête purement morale et littéraire. Le plus scrupuleux des biographes de notre auteur, le dernier en date et le mieux informé,[1] n’a touché cette matière qu’avec circonspection. Nous tâcherons d’imiter sa réserve — et sa prudence.
Une chose pourtant demeure certaine. C’est que Maupassant connut, tout jeune encore, l’espèce particulière d’ennui qui caractérise le pessimiste[2].
Fût-ce hérédité « maternelle », comme l’affirme son ami d’enfance, Charles Lapierre ; fût-ce maladie spécifique, aggravée de surmenage physique et de « débauche » de travail intellectuel, le tout aidant à former en lui un « candidat à la paralysie générale », ce qui est l’opinion du docteur Glatz, de Max Nordau et de bien d’autres ; fût-ce enfin, comme l’ont prétendu tout récemment les docteurs Rémond et Voivenel, « délire systématisé progressif » ; — le fait est là, Maupassant a été, de bonne heure, atteint de névrose.
Son génie s’est accompagné d’exaltations et de dépressions intermittentes, d’hyperesthésie et, pour dire le mot, de folie.
Mais, si cette « folie » n’a jamais un instant fait pâlir son « génie », si son esprit est demeuré clair, malgré les assauts