LETTRE III.
À Julie.
Chère amie, je me trouve beaucoup mieux ; je n’étais encore que légèrement malade le jour que je n’ai pu te reconduire chez toi ; mais le lendemain, une fièvre violente s’est emparée de moi ; j’ai été alité pendant huit jours ; mais tout à coup je fus ressuscité par un ange ; il faut que tu le devines : je ne le nommerai pas ; tu sauras seulement qu’étant mourant, une divinité qui a la fraicheur et la jeunesse d’Hébé, la chevelure et la taille de Vénus, l’esprit de Minerve, qu’elle mitige avec la philosophie de Ninon de Lenclos ; cette déesse, dis-je, entre dans ma chambre ; elle voulut me donner elle-même ses soins ; bientôt je fus convalescent ; mais à mesure que ma guérison s’opérait, je sentais dans mon cœur une blessure mortelle : ma bienfaitrice s’en apperçut ; elle connaissait le pouvoir de ses charmés ! « Mon ami