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LETTRE II.

Julie à son ami.


Avec combien d’impatience j’attendais le courier ; il me remet une lettre : je la croyais de mon époux, puisque je lui avais écrit ; mais non, aucune réponse ; cette lettre est de vous, vous que je ne devrais plus voir ! vous que je voulais oublier, quoique j’aye tant de motifs pour vous aimer !… Mais l’honneur, mais le devoir, m’ordonnent de vous fuir à jamais.

Le croiras-tu ? je m’en suis crue capable. Je me suis entourée de ma fille : si-tôt ton départ, je l’ai fait venir : c’est d’elle que j’attendais ma guérison ; la pressant continuellement sur mon sein, j’ai espéré que le sentiment si légitime de la nature étoufferait ceux d’un criminel amour : Mon père m’a fait dire de ne pas paraître chez lui ; ma mère est venue nous voir : nous fûmes très-embarrassées à la vue l’une de