vanités, leur nom de Phébus et de Phébé collés sur eux comme un nom sur une gare, m’approuvaient ; alors, parfois, faut-il le dire ? un regret me prenait de n’être point aussi avide qu’eux, une envie de sacrifier un peu de ces trésors en moi à mon éternité ; seule avec tant de mots merveilleux à mon service, un désir de choisir les cent plus beaux pour moi-même et, pour narguer tous ces démons anonymes, de couvrir d’appellations divines mes mains, mes genoux et jusqu’à mes pensées. Je succombais une minute à cette couronne qu’on m’offrait. J’étais malgré moi plus compassée, je me promenais d’un pas plus noble dans l’île, je forçais mon regard à plus d’éclat, plus de domination ; toute nue, j’allais comme avec une traîne. Déjà rusée comme un faux dieu, connaissant les habitudes des astres ou des éléments, comme les enfants qui comptent trois, pour faire partir le train, je disais « couche-toi » au soleil devant mes démons ébahis, quand le soleil touchait l’horizon. Mais le sentiment hiérarchique est le plus fort dans une âme latine. La pensée soudaine de ces gens en Europe que je sentais mes vrais maîtres, ces receveuses de tramways qui vous égarent, ces agents qui vous martyrisent, ces cochers qui vous enferment en des boîtes puantes, ces taxis, refuges et plates-formes où
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