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jeunes mariées, des cors à ses pattes, des oignons à son cou, un compère-loriot, et qui éternuait ; — qui s’apprivoisa d’ailleurs le premier, ayant, comme tous les hommes laids, la beauté de son cœur. Des moineaux dorés, noirs et rouges qui en se posant devenaient des boules incolores ; des merles au vol blanc sale qui se posant devenaient des poires de pourpre et d’indigo ; parfois, sur la grève, je tombais sur une basse-cour travestie, sur des oies vermillonnes ; des canards bleu-blanc-rouge, des dindes dorées et vertes, des paons carmin, et au moindre de mes gestes toutes ces couleurs changeaient comme dans un kaléidoscope. Des coqs, des poules, des pintades, mais sous la casaque d’un propriétaire milliardaire. Parfois l’arbre où l’on couvait, aimé pour ses branches horizontales ; sur toutes des femelles accroupies et le mâle debout, tous comme empaillés sur un arbre de Noël, mais leurs couleurs de plus en plus vives et les espèces de plus en plus grosses à mesure qu’on arrivait plus près du faîte, et aux dernières branches le nid ne pouvait plus contenir les queues des paradisiers. Parfois une Mucuna Benettii me heurtait, ou se posait sur moi, c’est qu’elle n’avait pas vu encore de créature humaine ; elle me becquetait, c’est qu’elle confondait peau et écorce ; je sentais que certains eussent