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les modestes trente années qu’il me restait sans doute à vivre. Je m’installai enfin. Je n’aurais plus été capable de camper sous une tente au milieu du Champ-de-Mars ou de la Concorde. Je mis enfin des rideaux à mes fenêtres ; j’y eusse J fait sceller des barreaux si la mode l’avait voulu. zî Je laissai recouvrir pour un nouveau siècle mes fauteuils. Je connus enfin ma maison, j’appris les habitudes de mon voisin d’en haut, le peintre, qui tous les lundis et les vendredis V à dix heures, lui seul peut expliquer ce rite, courait un long moment en souliers autour A de sa chambre. Je saluai mon voisin d’en bas, * dont les neuf fils et filles me saluèrent désormais du plus loin qu’ils m’aperçurent. Toute attention m’était partout rendue neuf fois. Je devins citoyen de ma rue ; je sus bientôt de quelles portes une main hâtive, dès la première goutte de pluie, pousserait dehors un araucaria, un hortensia, et, dès que reparaissait le soleil, -un petit garçon, une petite fille. Tous les cris jadis indistincts me donnèrent leur traduction. A J’aurais pu acheter à temps du mouron, — élever des oiseaux ; à temps, le résultat du dernier tirage, — gagner le gros lot. Comme la voirie menaçait de nous repaver en pierre, je présiclai ’ l