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une fois dans la haute nuit, je fus ballotté et secoué. Mon domestique affirme que je poussai ’des cris, des gémissements, que je me débattis. C’est sur un lit pourtant que j’ai appris à nager ; mais cette fois, s’il ne m’avait pas tenu les bras, j’y sombrais. Le. matin, j’ouvris les yeux avec angoisse. Il doit êtresi facile à l’esprit, dans une nuit aussi profonde, d’oublier nos trois pauvres dimensions et de ne point nous ramener ’ exactement sur notre espace, dans notre temps. q Allais-je m’éveiller en Afrique, voilà vingt siècles ? Je repassais déjà, et pour m’en servir, je vous " assure, les injures latines, les imprécations de ces héros grincheux...

Mais c’était bien le matin du bon jour ! Des marchands dans la rue criaient leurs légumes en français. Sur mon tapis jouait un doux soleil que je reconnus nôtre au demi-degré qu’il a perdu depuis l’antiquité ou depuis l’Orient. Huit heures seulement me séparaient d’Anne. Il était déjà. trop tard pour qu’on pût arriver à temps à notre rendez-vous d’Espagne ou d’Italie ! ’ De quel appétit je déjeunai ! Mon domestique avait oublié de sucrer le chocolat, de beurrer j les tartines. Mais, au fond, il avait bien fait : ils ne sont plus des esclaves !