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connaître. J’accomplis mon pèlerinage vers chaque cité qui m’avait guéri, au lycée, d’un soir de solitude ou d’injustice. Je voyageai sur le plan incomplet et périmé transmis par mes maîtres. Je ne vis pas, en Hollande, les fleurs, — qu’aucun d’eux n’avait songé à me signaler. J’aperçus bien le long du train, autour de l’hôtel même, au bord des canaux, partout enfin, des champs de tulipes ; j’en vis aux meurtrières des tours de prison, au guichet des boulangeries ; non prévenu, je ne m’en étonnai point. Je ne remarquai point que les Belges ressemblent aux Japonais. Mais je vis les moulins, les écluses ; mais j’eus l’impression — je la tenais de Louis XIV — dans ces bas-fonds, sous ces digues, qu’un peuple vivait dans l’Océan jusqu’à la-ceinture, que Delf, Dordrecht, Amsterdam, au contraire de la ville d’Ys, mouraient peu à peu dans leurs tuiles vernissées, dans leurs écailles, ainsi retirées de l’onde. Je tins à visiter les lieux de défenestration, de décapitation. J’étais le voyageur qui baissait encore un peu la tête, — un voyageur de grande taille — en entrant dans le port de Rhodes, pour ne point se heurter au colosse. Dans les musées, dédaigneux des petites batailles, des petits