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périlleux, était le professeur de gymnastique, auquel ces exercices paraissaient justement les occupations les plus sérieuses de l’âge mûr. Professeur, tant qu’ils voudraient, dès que j’aurais atteint soixante, cinquante ans, mais je voulais aller d’abord là où me seraient utiles leur latin, leur histoire, — voyager. Je refusais d’indiquer ma vocation. Je n’en voulais pas encore. Je me sentais encore de taille à être officier, banquier, architecte. Je ne pus me résoudre à signer le papier qu’ils me tendaient, et à m’engager pour dix ans à être des leurs, c’est-à-dire à ne point construire pendant dix ans de cathédrales, point commander d’armées, ou point devenir moine. Mes professeurs obtinrent pour moi une mission à l’étrenger et arrangèrent, d’eux-mêmes, le voyage que l’on offre au fiancé dont le mariage est rompu.

Je partis donc, pour la première fois de ma vie sans uniforme. D’interne, — sans connaître les intermédiaires : externe, vagabond, — je passai émigré. Je partis non sans peine. Les départs étaient laborieux chez moi ; mon père, qui ne voyageait que pour les enterrements, m’avait légué sa peur des salles d’attente, bien que tout le monde maintenant, à part nous deux, fût mort