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246 SIMON LI PATHÉTIQUI n ;

Soudain, devant moi, j’aperçois Beyllex. Anne là-bas est seule. J’ai —le droit d’imaginer mon - W I amie solitaire. Il faut moins pour que je me, dévoue à ses amis.... Je suis Beyllex... Je vais le laisser diriger ma promenade, il vient à point. J’aurais suivi ce soir l’ami d’Anne le plus futile, ou son grand-oncle, ou son cousin de dix ans... Mais que Beyllex est novice, et empêtré N dans sa peine ! Qu’il connaît peu Paris et peu la é tristesse ! Il suit nonchalamment je ne sais quelle route d’homme d’afi’aires pressé, marchant contre la pànte, s’arrêtant sans raison devant des magasins stériles, des papeteries, é des verreries, et, pour garder ma distance, [ ’ ’je dois marquer le pas devant une banque N morne, devant une porte cochere sur laquelle il p est interdit d’af£icher, et je n’ai même pas la ressource des images ou des discours de la Chambre. C·’est à moi de l’aider, je dois cela ’ à Anne. Je le dépasse au-dessous même d’un 4 arc électrique, sans paraître le remarquer, mais il m’a vu ; il hésite, à son tour il me suit. Je é le sens déjà soulagé de passerlà d’autres mains le fil de sa promenade. Je vais. Je lui impose celle que je fis voilà huit mois, son amour est de huit mois plus jeune. Dans la rue bordée de