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ET TRIOIPHI DU PATHÉTIQUI 14 !

des ruisseaux, du Nahon ; un courage, mais le courage eût consisté à cueillir des cerises, des noisettes, à suivre exactement ces sauterelles à ailes bleues et rouges qui avancent dans les bruyeres en sautant de biais comme le cheval aux échecs. Anne respirait mes cheveux, c’était le mensonge. Je songeais au travail, c’était la luxure. Nous nous taisions, attendris par une dignité, une infamie inconnues. Race un moment nouvelle, nous étions éclairés per un nouvel honneur.

Anne me regardait et s’étonnait de ne plus 1 rien trouver sur moi, malgré ses eüorts, de ce qui chez les autres accrochait son regard, sa malice, son antipathie, ou cette affection subite, des le lendemain importune. Elle se sentait désormais impuissante à juger mes traits, mes gestes ; elle fermait les yeux, les ouvrait, mais toujours incapable d’évoquer l’image éphémère ’que de moi avait donnée notre première rencontre, et celle où je fus laid, et celle où l’on me trouvait beau. Je’n’avais pas seulement l’immunité que donne Phabitude : il n’y avait ! I pas seulement que cette année de peines, comme un lit de malade, avait fait mes mains lisses et blanches, pâli mes joues ; -· ma bouche avait