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les moments critiques, je leur prêtais tout mon appui ; je faisais en sorte qu’expirât sur moi, par une réponse brillante, par une condamnation improvisée de l’amour de Didon pour Énée, la mauvaise foi des inspecteurs d’académie, des inspecteurs généraux. Je leur offrais les souvenirs de départ, que j’ai choisis les sept années, j’y songe trop tard, parmi des objets qui se complétaient, comme s’ils étaient destinés à la même personne. À part le cendrier, qui recueille encore des cendres à Tarbes ; je crois d’ailleurs que tout entier le nécessaire de fumeur, aujourd’hui, se retrouve à Paris, dispersé dans les cinquièmes autour de Rollin et de Chaptal. Je n’étais point ingrat ; je quittais les rangs pour saluer le maître de l’an passé, je me tournais avec complaisance vers le maître de l’année prochaine ; je saisissais l’occasion de lui rapporter au milieu de sa classe une Andromaque ou un Britannicns par lui prétés ; il me reconnaissait, il me disait un mot aimable sur Racine, il me faisait un sourire d’entente :

— Vous étes un peu notre bien, Simon.

Un peu ; pas beaucoup. J’appartenais à mes camarades. Je n’avais point de sentiment qui ne pût s’épanouir à l’aise dans les limites de ma classe. La classe précédente était déjà si vieille,