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228 IIION LI PATHÉTIQUI

son journal de jeune fille, elle me permettait de Q prononcer enfin la phrase dont elle avait gardé la place vide... Ma fiancée, c’était elle... Nous ’étions —fiancés... et toutes les autres paroles que p j’avais hésité ou tardé à dire, il m’était permis * de les jeter, par-dessus le dernier jour de cette année comble, sur l’amour écoulé. J’avais si peu nommé ce que l’on voit dans son visage ! J’avais ce soir le droit d’appeler tout haut chacun des traits dont jamais devant elle je n’avais dit le nom ; j’avais le droit de faire une phrase avec chacun d’eux, et si je ne trouvais rien, que dire leur couleur, cils noirs, lèvres rouges, cheveux blonds, du moins pour la première fois j’appelai par leur nom les couleurs... J’avais si peu touché ce corps ! Toutes nos rencontres m’apparurent soudain muettes, immobiles ; devant elle, il me sembla soudain avoir été toujours debout, È les bras tombant ; j’avais ce soir le droit de faire lchaque geste oublié. Jamais je n’avais posé ma ’main sur ces nattes, attiré et pesé cette tête, plongé en elle toutes à la fois ces épingles qui en tombaient, pour l’empêcher de se désunir ; jamais mes genoux n’avaient heurté ces genoux. Front ’ contre lequel se pressa mon front, du même ef-