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désuni, mais je n’avais point le courage de le voir ainsi en pensée, et en tableau pas plus qu’en rêve... Ainsi reprit haleine, et simplement, comme un noyé, en la forçant au premier geste machinal, au premier souffle, notre amitié... 3 Notre amitié ? De son côté, une confiance sans limites, sans raison. Anne était persuadée que d’elle — pour les autres impénétrable — je devinais tout. Pour m’éviter la faible peine de A le découvrir par un simple regard, elle ne p me cachait aucun secret. Devant moi, elle parlait des autres, et d’elle, et de sa mère, p comme elle en parlait à elle-même. Il fallait l’impudeursd’une femme pour vivre aussi facilement a sous des yeux qu’on croit devins... A vrai dire, je ne devinais rien, rien, que le secret de sa nonchalance, de son silence, — et quelquefois, un jour f d’avance, le temps du lendemain. J’étais juste-1 ment incapable de suivre chez un autre le moindre raisonnement, le moindre calcul, mais je devinais la pensée de tous les gens distraits, rêveurs. Ma seule force était de m’entendre, du premier coup, non avec les cerveaux des y hommes, mais avec cette ombre ~moins agitée et p moins exiguë qu’eux-mêmes qu’ils ont tous, l’ombre indifférente des coulissiers, l’ombre co-