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’ ’ TRIOIIPBE DU PATHÉTIQUI 223

nue quinze jours... Nous pêchions dans un ruisseau dont j’ignore le nom.

— C’est le Nahon, Anne. g-Elle

tressaillit, me regarda comme si je lui disais un nom à elle, pour tous secret". — Je dois y retourner huit jours... Elle versait ainsi les jours, en trop grand i É nombre, car cela eût bientôt fait toute Pannéo, î dans ce petit bourg berrichon qui n’avait y pas de fond, qui laissait tout couler jusqu’à È sa rivière hypocrite... Elle semblait tout d’un J5 coup excédée... Elle fermait les yeux sous tant de lampes... Elle heurtait par des paroles ° des souvenirs fragiles... Je voyais un amour 1 nocturne se débattre en plein soleil... Soudain le commutateur, que j’avais sans doute mal fixé, céda, et il n’y resta plus de tant de · lumières qu’une bougie isolée. Anne s’assit, se donna d’une masse à l’ombre. En face de nous, dans un miroir, son visage, ses mains, seuls apparaissaient. Elle me sourit, pour qu’un sourire nous vint du moins de ce fantôme, de ce froid. Je pris sa main, non pour cette main même, mais pour qu’au moins dans cette glace, devant nous, nos mains ne fussent pas ennemies. Je supportais que notre couple vivant fût,