Page:Giraudoux - Simon le pathétique.djvu/228

Cette page n’a pas encore été corrigée

ï

220 SFIO ! LI PLTIIÉTIQUI

autres et devenaient le souvenir d’un jour loin d’elle, d’un jour sans elle, d’un jour sans souvenir. Plus jamais Paris ne me fournirait de ces minutes vides. Pour la dernière fois les feuilles N qui volaient, les collégiens qui rentra lent ne me q faisaient point songer à Anne. Pier marchand - q de marrons, et vous, premières violettes, vous me donniez encore la liberté qu’il me faudrait désormais chercher dans les pays où naît une cinquième saison, qui ont des fleurs, des fruits, des animaux inconnus. Liberté que je devrais désormais, comme le char de Bacchus, faire. n tirer par des tigres, des éléphants, des lynx, et décorer de fleurs indoues.

Quand j’arrivai chez Anne, la nuit tombait. Le · ciel, vers le soir, s’était aplani, tous ses gouffres comblés d’or. Je marchais la tête levée, j’étals ’ seul avec lui ; je ne partageais la Mélancolie avec aucun être humain. Mélancolie, je te ressentais comme une passion secrète et tu étais à moi seul. Etre mélancolique me semblait aussi parti- q culier qu’aimer Anne, qu’être aimé d’elle. Mais, ; un homme passait, il était triste, j’en fus peiné comme s’il aimait Anne. Il déchirait une lettre, veillant à jeter le même nombre de lambeaux dans la Seine et vers Paris ; c’était bien la mélanl