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TRIUMPH ! DU PATHÉTIQUI l8Q

Je me précipitai sur le quai. L’employé réclama mon billet. J’en- avais deux. Puis il courut sur mes pas, tendant l’ombrelle d’Anne. Je la refusai. Je sautai dans un taxi, je dis mon adresse avec mon nom. Mais il n’aurait pas ; g fallu que le chauffeur m’en demandât davantage. Ã

J’étais enfin dans’ma chambre. Je l’avais quittée voilà trois heures ; pas un grain de poussière, de lumière, qui ne fût tombé d’un matin heureux. Pas un meuble, pas un objet qui ne fût maintenant une fausse promesse, qui ne ’m’eût’menti. Menteurs ces tableaux avec leurs couleurs, menteur le rouge, menteur le vert. Menteuses plus encore les choses tristes, le portrait de Philippe mort, de Claire morte. Je cherchais en vain un coin de table, un cadrequi ne m’eût pas promis le bonheur lui-même. Je frémissais à la pensée que cette fausseté je la trouverais désormais dans le dernier casier de mes tiroirs. Pas une lettre reçue dans-A l’année qui ne fût maintenant démentie. Démenti, le printemps. Démentie, ’ma jeunesse. Je me réfugiais vers la glace de la cheminée, je m’accordais devant elle, j’y rafraîchissais mon front, je voyais mon reflet penché sur moi, lui 13