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I. TRIGKPHI DU PATHÉTIQUI l’] ! jour de ma naissance. Son courroux tom-hait. Confuse de son injustice, elle s’excusait. Elle fermait les yeux pour voir la main pâle et froide levée pour m’abriter. Déjà elle se reprochait d’avoir mis, volontairement, une des robes, un des colliers que je n’aimais pas. Dédai- s gneuse de cette toilette, de ces bijoux qu’avaient cousue ou forgés des ennemis à moi, elle en dégageait sa tête, ses mains. Courbée, elle me · demandait ce que je pensais d’elle. Elle s’ofl’rait pour une peine, pour une blessu1·e. — Vous, Anne, vous n’aimez personne. · — G’est vrai, répondait-elle. I Elle prononçait ces mots si nettement, avec un regret si sincère, que j’aurais pu en être j meurtri. Aussi, je la rassurais vite... — Vous aimez Georges. Pensez à sa moustache blonde, à sa souplesse, à la façon dont il î traverse cent personnes pour venir vous saluer... Il vous aime. ’

Déjà Anne souriait.

— Vous aimez le gros Emmanuel. Quelle joie il eut, le jour où nous nous pesions, d’être ; moins lourd à lui seul que nous deux ensemble. Il vous aime. I