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ans, qui écrasa une abeille en disant : — Meurs, Abeille ; maintenant pique-moi ! ; pour moi, François, neuf ans, qui coupa de sa bêche un ver de terre en criant : — Vil ver de terre, je suis ton roil ; pour elle, Malou, qui la supplia par lettres de la prendre pour esclave, pour vraie esclave, elles iraient au besoin dans une île où l’esclavage était permis ; pour moi, Georges, qui se faisait attacher les mains derrière le dos, et cela pour mieux m’obéir. Anne, habile à ce jeu, retrouva, en travesti, à peu près toute, -son enfance. Nous en arrivions, égalisant nos souvenirs, à avoir été élevés à peu près par les mêmes domestiques, éprouvé les mêmes frayeurs, à p avoir vu le même chien enragé, la même foudre. Un jour, je parlai aussi d’un paysage qui est dans ma mémoire et que je ne peux situer. Son visage s’éclaira, elle avait souvent la même vision. La même île heureuse désormais flotta sur notre passé... Ainsi les deux premiers joueurs d’échecs, ’ arrivés l’un.contre l’autre avec des figures différentes, pour jouer, pour ne pas avoir trop de chagrin dans les échanges, supprimèrent celui-là l’éléphant, celui-là le lion et ne gardèrent enfin que les pions communs.

Parfois, au contraire, nous nous entêtions à