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des champs de tir : la guerre était ouverte. Déjà le poëte était étendu sur le dos au milieu de la pra-irie, cherchant au-dessus de lui, comme un mineur dans son couloir, son ouvrage de la journée. Déjà les merles surveillaient les fleurs de cerisier, les moineaux les feuilles de radis... Les lycéennes écartaient leurs fourrures, montraient leurs visages nouveaux, et les collégiens les regardaient sans peur, désireux de les épouser. Les jardiniers ouvraient leurs serres, les gardiens leurs musées, on allait rapporter chaque palmier, chaque tableau dans son bosquet habituel... Seuls, dépassant les taillis de cent coudées, restaient fidèles à l’hiver les grands arbres, les ormes, les platanes, les chênes. On ne leur en voulait pas ;·on savait que dans six mois, géants lents à comprendre, ils resteraient fidèles à l’automne.

Anne, qui avait compris pourtant, s’obstinait à recueillir tous les restes de l’autre saison. Elle entretenait l’hiver comme on refait un feu qui tombe, avec des tisons, des bûches de fortune. Tous les devoirs envers la neige, envers la ville couverte et chaude, si souvent négligés en décembre ou en janvier, elle les observait maintenant avec scrupule. Elle se vouait à la religion