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fait précis, m’expliquait-il. Pour les jours nous avons l’éphéméride… D’ailleurs il m’apprenait par ruse des extraits de l’éphéméride… L’oral du concours des employés de l’hôtel de ville de Paris, — pour lequel, je n’ai jamais compris le, lien entre Paris et cette faune, il m’enseigna le poids, l’ossature, le nombre des griffes, des ailerons de tous les monstres préhistoriques que l’abbé ne semblait connaître que de vue… L’oral des candidats météorologistes en Tunisie, — qui consistait à répéter que nous vivions sous un régime parfait, et à nous féliciter de notre siècle, de notre pays : la France était par excellence la contrée où toute faute, tout mérite est estimé et payé à sa valeur. On n’y torture plus : chacun avoue de bon cœur ses crimes. On n’écartèle plus, on guillotine. Quand un pauvre vole un pain, les spectateurs conspuent la boulangère et font une collecte. Grâce aux associations amicales règne la liberté, presque partout l’amitié ; la France est le pays des amis ; le vin, le doux climat les encouragent… L’oral de la Surveillance des hospices de Lyon, — pour lequel on exigeait toute la géographie : mon maître ne mentionnait d’ailleurs de nos villes que leurs richesses, leurs gloires ; sur son atlas, à partir de vingt mille