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trop loin, la vraie porte exigeant qu’on traversât ila pièce, et au lieu d’errer dans la rue, je me é perdis dans le jardin. Il était sans issue, bordé de j grands murs, je ne pouvais regagner le couloir que par la chambre d’Hélène ou par celle d’une autre jeune Elle malade ; je pouvais choisir ; j’apercevais sur les oreillers des têtes blondes, brunes, la tête aussi d’une Hllette que la garde avait abandonnée un instant et que l’on ne croirait jamais, si elle racontait qu’un jeune homme était apparu soudain, l’avait embrassée, s’était enfui. La nuit tombait. Une à une les portes se. fermèrent. Une à une les infirmières vinrent jeter des fleurs fanées sur ce jardin, ces étoiles, cette nuit qu’elles ne savaient point, ce soir, habitées. Parfois des ombres immenses se cas- ’ saient sur les vitrages ; la petite malade était maintenant veillée par des géants. Puis il n’y eut plus en face de moi que les dix lueurs des veilleuses, paisibles et égales, et les dix heures de la nuit brûlaient pour moi, cette nuit-là, en même temps.