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126 manu LI rnnirigui

— C’était un vœu, c’était une crainte, c’était l’un des deux ou trois vœux que j’ai gardés de mon enfance : Si je me faisais endormir pour une opération, Gilberte devait mourir. Heureusement Gilberte maintenant est en Chine, où le destin n’est pas le même. A moi aussi ce vœu paraissait ridicule, mais on n’a pas tous les jours la joie de tenir une de ses promesses d’enfant ! Heureuse enfance, dans notre couvent, où chaque ardeur, où chaque peine se rachetait à sa naissance même par un vœu, où les vœux s’abattaient sur nous d’un carquois inépuisable, où 4 il fallait autant de précaution pour arriver à toucher notre vrai désir que pour toucher le corps de saint Sébastien au-de : sous de toutes ses ’flèches. Incapable de tout payer par un vœu, j’en arrivais parfois à rester immobile, à ne pas penser, à ne pas ouvrir mes lettres. Fermer les yeux tout l’été au moment où se couche le soleil, si l’été était beau ! M’arracher un ongle si je devenais parjure ! Donner monâme chaque fois que je verrais une nouvelle actrice ! Vous savez xi donner votre âme ?

— On s’incline, je crois, ·on pense, on attend que je ne sais quoi s’évapore ? j -· Rien ne s’évapore. Une âme de femme du M