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’ PROHBNADI AVEC GABRIILLI 105

se faisaient plus légères. Bientôt elles m’eff1eurèrent à peine. J’ouvr is les yeux.

rg J’étais las. J’étais déjà, — moi qui avais dormi, — au lendemain du jour joyeux où. Gabrielle vivait encore. ’J’avais une nuit d’avance sur elle pour deviner ou mépriser le bonheur. Elle souriait d’avoir enjambé ce sommeil que j’avais dû, comme Frauken, reprendre à sa source. De son mouchoir elle éventait mon front, elle caressait mes cheveux ; elle affectait de connaître tous les moindres secrets de cette tête que je lui avais confiée presque inconnue, la tempe droite, douce-V ment inclinée, et ces trois rides qui disparaissent L si je dors. J’avais l’impression qu’elle m’avait embrassé pendant mon absence, dérobé pour elle seule un souvenir, pris dans mon visage, par une caresse, un regard, la parcelle promise. Son nom était gravé sur moi. Je me. vengeai. J’essayai d’enlaidir, d’efl’acer le trait même qu’elle avait choisi, je plissai les lèvres, je ridai I mon front. Mais, hypocrite, ainsi qu’un bon 5 page, quand son maître est amoureux, tient x F sellés un cheval blanc et aussi un cheval noir, elle était toute prête à servir la tristesse. Je me plaignis du soleil ; elle l’insulta. Les insectes vo-L létaient, affolés de voir le pavillon habité à nou-