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PROHIHADE AVEC GABRIELLE Q’)

de Frauken, nos yeux se rencontrèrent. Des yeux enfantins, éclatants. Comme Frauken avait trouvé le mot juste : quel soleil !

Les chaussées étincelaient, les étangs lui-saient. Un vrai rayon tenait en laisse chaque tache dorée, chaque pierre, chaque fleur veru nie. C’était le jour, le plus long de l’année, lejour où le soleil’parvient à effleurer la terre même. De vrais rayons mouraient sur nous, nous sentions sur nos genoux, sur nos cheveux ’leur flèche émoussée. Inutile d’étendre la main pour savoir s’il faisait beau ; nos mains oisives r étaient ensoleillées. Sur les villages, les châtenux, la lumière consumait les toits, rongeait les fenêtres, laissait moins que n’eût laissé un incendie. On oublie que le soleil réchauffe : notre chair était tiède, nos vêtements brûlaient. Un peu perdu seulement, un peu seul, le soleil lui-même, dans tout cet éclat ; ! et notre cœur aussi était diffus en nous. Comme des milliards de petits cœurs nous rendent moins lourds qu’un seul cœur ! Enfin nous étions sans poids, Y sans chaînes... — à part cette oppression dans la poitrine, à la place vide sans doute. e Nous traversions à toute allure cette ceinture vague de Paris sur laquelle nulle saison ne