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g QG IIION LI PATHÉTIQUI roue fit de côté un écart formidable. Gabrielle éclata de rire et me prit la main.. — Quel soleil ! Où allons-nous ? ’ — Devant nous !... Quel soleil ! Nous allions devant nous, derrière ces forêts éparses qui peu à peu se groupaient, derrière ce ciel transparent. Nous allions tenter de passer à toute vitesse entre ces deux clochers sur la colline. Nous allions là d’où venaient ces cerises sur ces brouettes, ces bicyclistes avec des agneaux bêlants sur leurs guidons, cette automobile chargée d’hortensias ; vers ce pays où chaque mode de transport avait enfin trouvé sa vraie ’ raison, — devant’nous, en un mot ; nous n’avions pas une minute à perdre ! Assise dos au chauffeur, Frauken, notre chaperon, qui allait, pauvre Frauken, droit derrière · elle, et qui pensait, voulut enfin dire sa pensée : — Quel soleil ! dit-elle. J’éclatai de rire. Gabrielle m’imita. Nous regardions, moqueurs, Frauken interloquée. Nous mettions notre plus dévouée malice à inti- mider ce visage que l’âge et les malheurs les plus affreux — un fiancé voilà trente ans brûlé [ vif, un père écrasé par un marteau-pilon, avaient laissé insignifiant. Puis, se détournant I l a s s