Par malheur, c’est moi qu’on arrêta le soir à minuit,
et qu’on conduisit au café Luitpold. Mon agent
devait être un agent de l’ancienne police, car il bousculait
mon bagage, mais il me parlait tendrement.
On s’est demandé pourquoi la dictature Zelten put
durer quatre jours alors que tous les chefs de partis
bavarois réprouvèrent unanimement son programme
dont le premier paragraphe était l’alliance avec la
France, et que les troupes de Lerchenfeld étaient
réunies dès le 3 juin à leur immuable citadelle, Dachau,
ville des peintres, d’où il s’échappait maintenant sur
Munich presque autant de sang que jadis de peinture.
C’est que toutes les sociétés secrètes dont il me
parlait à Paris et dont il était membre paralysèrent
chacune quelques heures la machine, c’est que le sous-chef
du ravitaillement gouvernemental était de ceux
qui se reconnaissent au regard, le troisième ingénieur
postal de ceux qui se reconnaissent au mot Alraune,
et le 4e chef de bataillon de la garde de ceux qui se
découvrent frères par l’index. Au Luitpold, où le
vestiaire fonctionnait pour les prisonniers, et où l’on
m’obligea à remettre mon pardessus et mon chapeau
contre un ticket, je fus lâché dans le compartiment
des révolutionnaires de la dernière révolution qui,
d’Autriche, de Suisse, d’Italie, s’étaient abattus aux
environs de Munich en auto, en avion, ou en canot
automobile. Il y avait là Axelrod, qui réclamait l’immunité
diplomatique, le docteur Lipp le fou, qui, maître