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un gaillard entra, s’inclina devant moi jusqu’à terre, — c’était la première fois que j’étais adoré sans voile, — et poussa le cri que deux ou trois millions d’Allemands rugissent en se présentant…

— Meyer !

J’affectai d’entendre ce nom pour la première fois, et il le fit alors précéder d’un correctif qui réduisait à deux ou trois cent mille le nombre de ses possesseurs.

— Doktor Meyer !

Enfin, d’autres explications me révélèrent que l’Université de Munich avait organisé les étudiants pauvres ou bénévoles en une association de guides, chargés de diriger les visiteurs étrangers en Bavière. Le doktor Meyer avait reçu l’ordre de se présenter chez moi, et se plaçait à ma disposition pour l’un des trois itinéraires.

Le premier comprenait un voyage aux châteaux de Bavière, construits par Louis II, Chiemsee pour détruire dans les imaginations allemandes la hantise de Versailles, Linderhof celle de Trianon, Neuschwanstein celle de Carcassonne, et aux souvenirs de toutes les invasions françaises en Tyrol et en pays munichois. On pouvait réclamer de l’Université pour guides spéciaux les descendants d’anciens émigrés de la Révocation de l’Édit de Nantes. Tous les Franzosenstege, pistes et sentiers par lesquels les troupes de Napoléon avaient débordé la vallée d’Innsbrück, étaient piqués de poteaux infamants. On voyait même, affrux vestige, une trace de balle dans un mur à Mittenwald.

Le deuxième itinéraire, recommandé tout spéciale-