de murs, comme en France. Nous n’y étions plus habitués et nous avons presque peur pour cette maison si seule. Tous les hommes l’ont remarquée et sentent soudain en eux, encadrée, leur maison d’Auvergne et leur pré. Pas d’autre incident jusqu’à la nuit, si ce n’est l’arrivée au galop du général, furieux, qui vient demander au capitaine Flamont pourquoi il a fait ranger sa compagnie à gauche de la route ; il y a un cheval mort à droite, le cheval du général repart plus vite qu’il n’est venu. Vers le soir, à l’heure où des bambins, avec des adjoints centenaires, distribuent le Temps dans Paris, le vaguemestre de la brigade passe à bicyclette le long du régiment et donne à chaque sergent-major le Bulletin des Armées. J’admire la première phrase : — Aujourd’hui, 3 août, rien de nouveau. L’Angleterre déclare la guerre à l’Allemagne. Bonne année que la nôtre pour les éphémérides ! Le bulletin contient aussi — déjà — le récit d’un ténor de l’Opéra-Comique, qui s’est trouvé dans une bataille : « J’aurais préféré, conclut-il, chanter la Tosca ». Que de périls la vie recèle pour un ténor ! À huit heures, arrivée à Aspach. Je quitte Dollero tout heureux car, au milieu de ses éloges, il a, prétend-il, trouvé une épigramme, inspirée par Epitalon, le maréchal des
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RETOUR D’ALSACE